Interview du Dr Abderrahmane Hedjoudje par Joakim Faiss pour le magazine Kontakt.
L’intelligence artificielle : un compagnon précieux pour les médecins
« L’intelligence artificielle (IA) ne remplace pas le médecin, mais ensemble, ils forment une équipe plus efficace, » explique le Dr Abderrahmane Hedjoudje, radiologue et chercheur à l’université de Genève.
Cette vision repose sur l’expérience de plusieurs mois de déploiement de solutions d’IA dans le domaine de l’imagerie médicale, où l’IA s’affirme comme une aide précieuse au diagnostic.
Une aide au diagnostic de plus en plus performante
L’IA, dans ce contexte, fait référence à des algorithmes intelligents capables d’apprendre et de s’améliorer par eux-mêmes, souvent par le biais de techniques de deep learning.
Ces réseaux de neurones permettent d’atteindre des capacités analytiques inédites. Cependant, il est important de noter que ces technologies ne remplacent pas le rôle essentiel des radiologues.
L’IA les assiste en analysant les images issues de la radiologie, des scanners ou de l’IRM, permettant ainsi de détecter plus précisément des anomalies ou de quantifier des mesures, pour aller au-delà des possibilités humaines seules.
Des solutions innovantes en pratique
Parmi les outils actuellement en place, la solution BoneView permet aux médecins de détecter rapidement des fractures, luxations ou épanchements, tout en réduisant le risque d’erreurs diagnostiques.
D’autres applications comme BoneView Measures, qui fournit des mesures précises des os, et BoneAge, qui aide à estimer l’âge osseux, sont déjà utilisées avec succès. Dans l’analyse neurologique, Pixyl MS et Pixyl BV apportent une aide essentielle dans le suivi de la sclérose en plaques et la volumétrie cérébrale, respectivement. D’autres solutions émergent, notamment dans le domaine de la détection du cancer du sein.
Formation et sécurité : des bénéfices au-delà du diagnostic
L’IA ne se limite pas au diagnostic : elle offre aussi un soutien pédagogique. « Les algorithmes peuvent détecter des éléments que les jeunes médecins en formation n’auraient peut-être pas repérés seuls », précise le Dr Hedjoudje.
Cette fonction éducative de l’IA permet aux praticiens d’améliorer leurs compétences en temps réel, tout en augmentant la qualité des soins prodigués. L’IA joue également un rôle clé dans la gestion des flux d’examens et l’automatisation de tâches administratives. Certaines de ces améliorations ne sont pas immédiatement quantifiables, mais leur impact est indéniable dans l’amélioration quotidienne de la pratique clinique.
Un bénéfice direct pour les patients
L’IA en radiologie ne se contente pas d’assister les médecins : elle améliore également l’expérience des patients. En structurant les rapports d’imagerie ou en facilitant la classification des patients, comme dans les cas de bilans de cancers, l’IA permet une prise en charge plus rapide et plus efficace. Réduire les temps d’attente aux urgences, optimiser la détection des fractures ou des cancers du sein et raccourcir la durée des examens d’IRM ne sont que quelques exemples des avantages concrets pour les patients.
Conclusion : L’IA comme levier pour l’avenir de la radiologie
À travers son application en radiologie, l’IA apporte un soutien précieux aux professionnels de santé tout en offrant des bénéfices tangibles aux patients. Qu’il s’agisse d’améliorer la précision des diagnostics, d’accélérer les procédures ou de servir d’outil pédagogique, l’IA transforme progressivement la pratique médicale, tout en maintenant l’humain au centre du processus.